Philippe Coussin-Grudzinski est
journaliste parisien et membre du jury du concours We Love
Words. Il m'envoie le message suivant:
"Ce message parce que, comme de nombreux
auteurs/gens de l'édition, il m'arrive de trainer sur votre blog,
que j'ai découvert il y a un an, quand je me demandais comment
j'allais publier mes Voyages sur Chesterfield, encore à l'état
de manuscrit.
[...] à vous entendre, tout le milieu de
l'édition serait corrompu, il faudrait coucher ou avoir un nom
célèbre pour réussir à se faire publier. Je n'ai pas de nom
célèbre, je ne couche pas pour réussir, et pourtant, quand j'ai
ouvert mon blog, il y a un an, j'ai reçu assez vite des
messages d'éditeurs qui voulaient me rencontrer. Pas pour publier
mon blog, non, mais pour publier le manuscrit que je mentionnais dans
ma présentation, sur mon blog, blog que j'ai appelé Humeurs sur
Chesterfield, inspiré du titre de mon manuscrit, pour bien signifier
aux lecteurs de mon blog qu'il s'agissait du même auteur le jour où
mon roman serait publié.
Résultat, en janvier, je signais un
contrat, chez une maison indépendante qui monte (parisienne par
contre, désolé), j'ai même eu un à-valoir, incroyable. S'en est
suivi un travail sain sur le mansucrit, à des encablures du
marketing que vous décrivez dans vos articles : mon éditeur a
respecté mon texte, il ne m'a pas demandé de rajouter de scène
trash pour faire vendre, la correction n'aura pris qu'une après-midi
et aura consisté essentiellement à ajouter des virgules. Nous avons
choisi la couverture ensemble, nous avons écrit la quatrième de
couv ensemble, à aucun moment je n'ai eu l'impression que mon
éditeur faisait ce qu'il voulait de mon texte. Et, en mai dernier,
le livre sort, chez des libraires enthousiastes, convaincus par les
propos du distributeur (parce qu'une maison indépendante peut aussi
avoir un distributeur, dingue n'est ce pas ?).
Je savais que j'étais un illustre
inconnu, que la période des Présidentielles était peu propice à
la lecture de romans, je ne m'attendais pas à des ventes colossales,
n'étant pas passé chez Ruquier, ce genre. J'ai quand même eu
quelques papiers, dans Le Monde, ELLE, Be, et pas mal de blogueurs.
Résultat, à mon retour de vacances, fin août, nous avions dépassé
les 1000 exemplaires. Rien à voir avec les auteurs expérimentés
des grandes maisons, mais au dessus de la moyenne des premiers
romans, y compris ceux des grandes maisons. En tout cas assez pour
être considéré comme un auteur et être reçu par des gros
éditeurs pour de futurs projets sans que personne ne me les
présente, juste en devinant leur adresse e-mail. La suite, j'ignore
ce qu'elle sera. Mais je voulais témoigner un soupçon d'espoir pour
vos si nombreux lecteurs, qui peuvent, je crois, se laisser atteindre
assez facilement par ce sentiment de "Tous pourris". Bien
sûr, il existe des abus. Mais il existe aussi de vraies belles
histoires. Non marketées. Comme la mienne, celle d'un jeune diplômé
qui a trouvé un éditeur plus facilement qu'un travail.
Et non, ce n'est pas parce que j'ai
fait le CELSA que ça fait de moi un homme de réseau, pas plus que
j'ai des entrées partout parce que mon blog est hébergé par les
Inrocks : je n'ai jamais mis les pieds à la rédaction. Ah et avant
que vous n'alliez fouiller sur ma famille : je n'ai pas grandi à
St-Germain mais dans une banlieue pavillonnaire tout ce qu'il y a de
plus normale, vous savez, de celles avec des lampadaires sphériques
et blancs un peu partout. Et, confidence pour confidence : mon
éditeur est rive droite. Shocking."
Ma réponse est simple: Philippe
Coussin-Grudzinski est jeune, journaliste et parisien. Et il ne
semble même pas se rendre compte qu’il est privilégié par
rapport à l’immense majorité des wannabes. Preuve qu’il
vit dans une petite bulle germanopratine...
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