Dans la série "les bilans de ma vie" (série commencée ICI), voilà ce que j'ai appris de presque 4 années de wannabisme:
Leçon n°1: Ne jamais, jamais consacrer sa vie uniquement à l'écriture.
Quand j'écrivais mon premier roman, mon rêve était de vivre de ma plume. Seuls les médiocres ne contentent de tapoter sur leur clavier deux heures par jour. Les vrais écrivains, les plus ambitieux, ceux-là ne font rien d'autre que d'écrire, tout le reste est accessoire. Ce type de pensée aurait dû logiquement m'amener à finir RMIste comme Frédéric Huet, chômeur comme Bertrand Latour, pigiste-précaire comme Mano, ou à renoncer à une brillante carrière comme Aymeric Patricot. Heureusement, j'ai commencé à écrire quand j'étais déjà installée à Londres, à une période où il était facile de bien gagner sa vie en bossant finalement assez peu.
Aujourd'hui, j'ai l'opportunité d'aller m'installer à Vancouver, et de vivre une vie confortable. Si c'était à refaire, j'aurais privilégié plus tôt ma réussite professionnelle avant l'écriture. Autrement dit, j'aurais réalisé plus tôt que l'écriture comme profession est réservée à une élite bien connectée. Pour le reste des mortels, il faut d'abord faire une carrière et ensuite espérer publier. Si ça ne marche (et ça ne marche pas souvent), on peut ainsi se raccrocher à quelque chose. Parce qu'être RMIste et galérer pour se faire publier, c'est quand même plus glauque qu'être avocat, ou médecin, ou directeur marketing ET wannabe.
Autrement dit, renoncer à tout pour l'écriture, c'est se créer une vie de déception et de misère. Pire: une vie de dépendance, passée à quémander une publication.
Leçon n°2: Ne rien espérer du milieu hostile de l'édition.
Ayant très vite perdu mes illusions sur les éditeurs, je suis toujours surprise par les bouffées d'espoir que connaissent les wannabes. Je ne compte plus les projets qui ont déclenché des bouffées délirantes chez mes lecteurs: la revue En Attendant l'Or, le concours Blogauteurs, la collection Manuscrit de Léo Scheer (voir le post de Marie/ Nicole à ce sujet). Bien sûr, la déception a été à la mesure des espoirs.
Au fond, beaucoup de wannabes refusent de comprendre les règles du milieu. Pourquoi une telle naïveté (que j'ai moi même partagée, à mes débuts)? Tout simplement parce que les wannabes viennent souvent des classes moyennes éduquées. Leurs valeurs tournent autour du travail, et de la reconnaissance de ce travail. Or le milieu de l'édition n'est pas fondé sur le travail, ni sur la qualité littéraire. L'apparence, le cynisme le plus total, la capacité à se vendre et à plaire aux plus puissants: voilà les "valeurs" du milieu artistique.
Beaucoup de wannabes croient pourtant dur comme fer que certains éditeurs valorisent le travail et l'effort. Or croyez-moi, les petits éditeurs comme les gros ne comprennent même pas ce que "qualité littéraire" veut dire. Tout se vaut, tout est relatif, seul l'image de l'auteur a de l'importance.
Leçon n°3: Ne jamais se décourager.
Au risque de confirmer ma réputation de mégalo, je reste persuadée que je publierai un jour un livre qui aura un large impact. Si, comme moi, vous savez que vous êtes un natural-born writer, ne laissez rien ni personne vous décourager. Autant la publication ne dépend pas de vous, autant l'écriture dépend uniquement de votre motivation et de votre assiduité. Mais le plus dur est de rester motivé, malgré l'absence de reconnaissance...
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